Publié dans Littérature française, Roman historique, Thrillers/Polars

Wendall Utroi – La Loi des Hommes

S’inspirant du scandale de Cleveland Street qui secoua l’establishment britannique en 1889, « La Loi des Hommes » est un roman en deux temps. L’action débute à Houtkerque, dans le Nord. Jacques, qui est chargé d’entretenir le cimetière du village, y découvre des mémoires rédigées en anglais. Il demande à sa fille, de l’aider à les traduire. Leur auteur, J. Wallace Hardwell, est un inspecteur des mœurs de Scotland Yard ayant vécu pendant la période victorienne . Comme une obsession, il se plonge dans ce récit afin d’en savoir plus sur ce mystérieux sujet de la reine Victoria. Récit aussi sombre que les bas-fonds de Londres qui y sont décrits, alternant présent et passé, « La Loi des Hommes » est un thriller historique très bien documenté qui nous plonge au coeur du scandale et des faits de mœurs. La pauvreté, la prostitution, la condition de la femme et des enfants, la violence à leur encontre sont autant de sujets sensibles traités par ce roman qui met si bien en lumière le véritable fossé séparant les plus démunis des nantis.

Je découvre pour la première fois l ‘auteur avec ce roman. Je m’y suis plongée avec la même curiosité que Jacques, notre cantonnier, lors de sa découverte. Je recommande vivement!

Quatrième de couverture:

Jacques est cantonnier à Houtkerque, dans le Nord. Ce qu’il découvre ce matin-là dans la sépulture centenaire de J. Wallace Hardwell va bouleverser sa vie.

Une enquête secrète aux relents nauséabonds menée par un inspecteur de Scotland Yard dans les bas-fonds du Londres de Jack L’Eventreur. Entre crimes et passions, amour et trahison, là où s’affrontent l’honneur et l’horreur de la loi des hommes.

Un thriller historique aussi efficace qu’actuel.

Wendall Utroi, « La loi des hommes », Ed. Slatkine & Cie, 1 octobre 2020, 400 pages.

Publié dans Littérature américaine, Thrillers/Polars

Josh Malerman – Inspection

« Inspection » de Josh Malerman nous plonge au coeur d’une école, dirigée par P.E.R.E. et isolée dans la forêt. Ici, pas de mixité. Seuls 24 garçons, orphelins, tous prénommés selon une lettre de l’alphabet, y sont élevés, dans l’ignorance totale du monde extérieur, de sa réalité et de l’existence du sexe opposé, jusqu’au jour où l’un d’eux commencera à douter…

« Inspection » se construit de manière très lente sous forme de huis clos. Les « garçons Alphabet », soumis à l’autorité de P.E.R.E et à ses inspections quotidiennes, n’ayant pas les codes leur permettant de développer une curiosité saine, étant abreuvé de préceptes formatés créant une sorte de vérité unique, sont difficiles à cerner pour le lecteur. Ceci a rendu mon début de lecture assez difficile. Destinés à devenir des scientifiques ou mathématiciens de renom, toute distraction extérieure est bannie de leur enseignement, de leur éducation. Josh Malerman nous plonge ici dans un monde tout à fait surréaliste où il est facile de se perdre…

Je remercie les éditions Calmann-Lévy pour cette découverte.

Quatrième de couverture:

Il existe une école isolée dans la forêt, coupée du reste du monde. Là-bas, vingt-quatre garçons, tous orphelins, sont formés à devenir des génies, sans jamais qu’on leur dévoile l’existence du sexe opposé. J est le seul élève persuadé qu’on leur cache quelque chose. De l’autre côté de la forêt, dans une école en tout point similaire, K, orpheline élevée exclusivement entre filles, se pose elle aussi des questions. Mais quel est le but des adultes qui dictent les règles de ces instituts? J et K mènent l’enquête, chacun de leur côté. Ils vont se trouver. Et révéler les horribles secrets de leur univers clos.

Josh Malerman, Inspection, trad. (anglais US) Sébastien Guillot, Editions Calmann-Lévy, 23 septembre 2020, 464 pages

Publié dans Littérature italienne, Littérature jeunesse

Luca Di Fulvio – Les Aventuriers de l’Autre Monde

Lily, Red et Max ne se quittent plus et aiment passer du temps à la baie du Soleil. La seule règle qui leur est imposée par leurs parents est de ne pas franchir la limite du Néant, cette zone sauvage interdite à tous les jeunes de la baie. Des récits tels que la présence de vipères ou d’un enfant disparu se sont multipliés pour les tenir éloignés mais au fil des ans, on ne sait plus vraiment faire la différence entre les légendes et la réalité.

Leur rencontre avec une vieille dame et surtout le récit qu’elle leur fait du cruel Egon Dragon – le seigneur cruel- et de Perla – la gardienne du Bien, va piquer leur curiosité au plus haut point.

Histoire d’amitié indéfectible, véritable message de persévérance et d’optimisme, « Les Aventuriers de l’Autre Monde » est un roman passionnant alliant l’écriture toujours aussi vivante et habile de l’auteur mais aussi ses notes d’ humour et son coeur qui y transparait…

J’ai passé un très bon moment à la lecture de ce roman qui plaira aux jeunes lecteurs mais aussi aux adultes.

Je remercie les éditions Slatkine & Cie pour cette très belle lecture.

Quatrième de couverture:

Derrière l’Autre Mer, il y a l’Autre Monde, un royaume interdit où tout est inversé: le jour devient la nuit, les petits se changent en grands et les bons en méchants.

Rares sont ceux qui sont allés dans l’Autre Monde. Personne n’en n’est jamais revenu.

Lily, Red et Max décident de tenter l’aventure. On est pirate ou on ne l’est pas.

Les Aventuriers de l’Autre Monde est l’unique roman jeunesse de Luca Di Fulvio. Un Gang des rêves tous publics, dont les trois héros vivent en Italie, comme l’auteur.

Luca Di Fulvio, « Les Aventuriers de l’Autre Monde », Trad. (it.) Elsa Damien, Editions Slatkine & Cie, 222 pages, 8 octobre 2020

Publié dans Littérature française, Thrillers/Polars

Jacques Expert – Plus fort qu’elle

Avec « Plus fort qu’elle », Jacques Expert nous offre un thriller psychologique de haute facture. A la lecture du prologue, l’histoire semble limpide. Cécile Maisonnave est réveillée par une voix familière, est précipitée dans l’escalier de sa maison et est tuée sur le coup. Tout semble clair pour le lecteur mais ceci est sans compter sur les talents de l’auteur pour nous manipuler.

Le commandant Castaneda et le juge Rignault – un duo hors pair – auront fort à faire pour que lumière soit faite sur cette affaire.

Lorsque Patrick Maisonnave intègre le société Méneret et Fils SA, Raphaëlle est subjuguée et tombe (trop) vite amoureuse de son nouveau patron. Il faut dire que Patrick sait y faire pour s’attirer les faveurs de sa secrétaire qui semble aveuglée par la personnalité de l’homme. Un homme qui pourtant pourrait être résumé par le terme « trop »… trop égocentrique, trop sûr de lui, trop manipulateur et trop lyrique quant à ses déclarations amoureuses… Raphaëlle s’abandonne dans cette passion dévorante, aveuglée à un point tel qu’elle abandonne ses enfants pour vivre avec son amant.

Je me suis plongée comme en apnée dans ce récit avide de voir jusqu’où l’auteur allait nous emmener dans cette manipulation perverse, cet abandon de toute réalité, comment le caractère de Raphaëlle allait évoluer. Je l’avoue, j’ai eu envie, à plusieurs reprises de la secouer pour lui faire entendre raison tellement cela en devenait exaspérant mais ne dit-on pas que l’amour est aveugle… Nous découvrons ici deux protagonistes à l’opposé l’un de l’autre: l’un manipulateur-né et l’autre naïve à l’excès…

J’ai véritablement dévoré ce roman tellement celui-ci est prenant, parfois oppressant. Comme dans tout bon thriller psychologique, pas question ici de courses poursuites ni de trop nombreux personnages. Tout se joue dans l’approche et le développement des personnages, de leurs interactions. Mais surtout ne vous fiez pas au préambule car Jacques Expert sait nous tenir en haleine et le récit ne manque certes pas de rebondissements. Je recommande vivement!

Je remercie les éditions Calmann-Lévy pour cette lecture.

Quatrième de couverture:

Cette nuit-là, dans la banlieue chic de Bordeaux, Cécile, 44 ans, est réveillée par une voix familière: « Debout, il faut qu’on parle. » Quelques instants après, elle est précipitée dans l’escalier de marbre de sa maison et tuée sur le coup.

Aux origines du meurtre, la police le comprend très vite, il y a la liaison passionnée entre le mari de Cécile et son assistante, Raphaëlle. Liaison pour laquelle Raphaëlle a tout quitté, y compris ses enfants, métamorphosée par cet amour plus fort qu’elle.

Qui a tué Cécile?

Le mari, la maîtresse? Les deux ensemble?

Peu à peu, une manipulation parfaite se dessine sous nos yeux. Effrayante. Oppressante. Et, peut-être, fatale?

Jacques Expert, « Plus fort qu’elle », Editions Calmann-Lévy, 7 octobre 2020, 414 pages.

Publié dans Littérature française, Thrillers/Polars

Estelle Tharreau – La peine du bourreau

Le condamné 0451 est transféré du couloir de la mort de la prison Allan B. Polunsky Unit vers « Walls », sa destination finale. Il est 19:00. Nous sommes à H-4, avant que le Texas n’exécute son 14ème prisonnier cette année. Ed a commis 5 meurtres, tous prémédités et commis de sang-froid mais le profil particulier des victimes a de quoi soulever les passions et la tension monte à l’extérieur de la prison… Monstre ou héros, la seule option pour échapper à la mort repose entre les mains du gouverneur Thompson. Pendant 4 heures, nous allons suivre le bourreau McCoy raconter son expérience mais aussi sa vision des prisonniers qui l’ont marqué pendant ces 42 dernières années.

Estelle Tharreau nous plonge au coeur d’un roman à la construction parfaite. Abordant de front la noirceur des crimes commis mais aussi, ce qui est moins commun, la vie de bourreau, la romancière aborde de près la vie des uns et des autres au cours d’un décompte glacial tout en restant neutre dans son approche.

J’ai beaucoup aimé le développement psychologique des personnages et le côté très humain apporté à ce bourreau des temps modernes. La narration, renforcée par un important travail de recherche sur le fonctionnement du système pénitencier américain, fait de ce roman un très bon moment de lecture. Je recommande!

Je remercie les éditions Taurnada pour cette lecture.

Résumé de l’éditeur:

McCoy est « bourreau » au Texas. Après 42 ans passés dans le couloir de la mort, il reçoit la visite officieuse du Gouverneur Thompson qui doit se prononcer sur la grâce du condamné numéro 0451.
Il ne leur reste que quatre heures pour faire revivre les souvenirs de McCoy avant l’injection létale.
Quatre heures dans l’isolement de la prison de Walls.
Quatre heures pour cinq crimes qui déchaînent les passions.
Quatre heures pour ce qui pourrait être la dernière exécution de McCoy.
Quatre heures pour jouer le sort d’un homme.

Estelle Tharreau, « La Peine du bourreau« , Taurnada Editions, 1 octobre 2020, epub (format papier 256 p.)

Publié dans Littérature française, roman

Elisabeth Segard – UNE CERTAINE IDÉE DU PARADIS

« Une certaine idée du paradis » nous emmène dans la petite bourgade de Mouy-sur-Loire en Touraine. Alors que Madame le maire suit de près le nouveau tracé de la nationale vitale à l’intérêt économique et la richesse artisanale du village et que l’Abbé Marcel prépare la procession Saint Roch qui attire annuellement des milliers de personnes et représente une aubaine en termes économiques pour les commerçants et artisans locaux, la vie de ce petit village aux allures bien tranquille va se voir bouleversée par l’arrivée d’une nouvelle habitante venue ouvrir un nouveau gîte. Peu appréciée dans le village, jugée trop « Parisienne », Nathalie Aubispaud sera retrouvée morte peu de temps après son installation. Violette Laguille, une vieille dame très discrète et un peu cocasse, va mettre son grain de sel dans l’enquête.

Ce roman d’Elisabeth Segard s’inscrit clairement dans la ligne du cosy mystery à l’anglaise mêlant une enquête aux multiples rebondissements, de nombreux personnages – pour certains hauts en couleur -, de l’humour, le tout dans le cadre d’un petit village aux allures bien calmes.

Passant du point de vue du meurtrier à l’enquête en elle-même, Elisabeth Segard laisse le lecteur dans l’attente du dénouement tout en laissant s’égrener le temps les emmenant jusqu’à la Saint Roch. J’ai beaucoup aimé ce roman pour sa légèreté, son humour et sa construction mais aussi pour les petites notes laissées par l’auteure et ses dictons réarrangés. Une réussite et une belle lecture pour un moment détente!

Je remercie les éditions Calmann-Lévy pour cette découverte.

Quatrième de couverture:

Chacun a son idée du paradis dans la charmante bourgade de Mouy-sur-Loire en Touraine. Madame le maire, d’abord, qui se bat pour faire de sa commune un territoire attractif. L’abbé Marcel, qui parvient à remplir son église, quitte à user d’astuces peu orthodoxes. Violette Laguille, vieille dame très discrète – pour faire oublier, peut-être, un passé trop flamboyant. Et aussi sa voisine, Nathalie, une citadine venue s’installer dans ce beau village pour y ouvrir un gîte alternatif et offrir des stages de pleine conscience.
Très vite cependant, la «  Parisienne  » tape sur les nerfs des habitants. Au point que quelqu’un finit par lui taper un bon coup sur la tête.
Mêlée malgré à elle à cette affaire qui met la gendarmerie sur les dents, Violette va devoir, à ses risques et périls, prendre l’enquête en main…

Elisabeth Segard, Une certaine idée du paradis, Editions Calmann-Lévy, Coll. Territoires, 16 septembre 2020, 352 pages.

Publié dans Premier roman, roman

ROUKIATA OUEDRAOGO – DU MIEL SOUS LES GALETTES

« Chez nous, la femme est considérée comme détentrice des valeurs morales, culturelles, traditionnelles et sociales. Elle est la gardienne du foyer, comme on dit dans les manuels scolaires. Une femme qui sait s’occuper de ses enfants est donc la garante d’un foyer paisible ». (p.15)

A travers ce roman autobiographique, Roukiata Ouedraogo nous délivre un message d’amour, de persévérance, de courage et de résilience au féminin.

Alors que notre narratrice s’apprête à officier en tant que marraine de la Journée internationale de la Francophonie, le trac épouvantable qu’elle ressent, la fatigue de ne pas avoir dormi, font glisser son esprit vers une période de sa petite enfance et la ramènent à Fada N’Gourma, sa ville natale du Burkina Faso. A travers les yeux et les mots d’une petite fille, nous suivons la vie de Djelila Sankaké, cette mère et épouse dévouée qui, suite à l’arrestation abusive de son mari, va devoir se battre plusieurs années pour surmonter les épreuves sans jamais baisser les bras, les difficultés du moment ne devant jamais avoir d’incidence sur l’avenir de ses sept enfants. Confrontée à l’injustice, aux abus, aux intérêts personnels de certains et l’incapacité du système judicaire local, envers et contre tout, elle devait mener la barque, se montrer forte pour faire libérer son mari, pour sauver sa famille, et assurer l’avenir de ses enfants. C’est cette détermination, cette pugnacité que Roukiata Ouedraogo nous dévoile telle une ode à cette mère courage.

C’est avec une plume légère, parsemée de tendresse et de notes d’humour que Roukiata Ouedraogo nous livre ce récit émouvant, cet hommage, dans lequel je me suis plongée sans retenue. Et j’ai adoré!

Je remercie les éditions Slatkine & Cie pour cette très belle découverte.

Quatrième de couverture:

Le premier roman de Roukiata Ouedraogo est le récit très personnel d’une petite fille confrontée à l’univers des hommes. Avec l’humour tendre qui l’a rendue célèbre en France et dans toute la Francophonie, l’actrice burkinabè tient la chronique douce du drame qui a bouleversé son enfance.

Roukiata Ouedraogo, Du miel sous les galettes, Editions Slatkine & Cie, 10 septembre 2020, 190 pages.

Publié dans Littérature belge, roman

Louvain Brisé

En 1966, la déclaration des évêques de maintenir l’unité de l’Université Catholique de Louvain à Leuven provoque véritable un tollé en Flandres. Selon bon nombre d’étudiants néerlandophones soutenus par leurs professeurs, l’enseignement francophone n’avait plus droit de cité en terres flamandes, ce qui provoqua bon nombre de violentes manifestations au rythme du tristement célèbre « Walen Buiten ». L’ampleur que prit ce mouvement provoqua la chute du gouvernement mais aussi bien entendu la scission de l’université. Le divorce étant acté en 1968, la partie francophone de l’université se verra transférée à Louvain-La-Neuve.

C’est dans ce contexte que Paul G. Dulieu place l’action de Louvain brisé. Nous y faisons la connaissance du coiffeur Vanhove et de son épouse Tatiana qui, pour palier aux difficultés économiques du salon, louent les chambres inoccupées de leur maison situé dans la Wandeling straat. Nous y rencontrerons entre autres Robert Deltaille, l’étudiant en médecine; Michel Lespine, le révolutionnaire; Yves Dérain qui travaille à la Bibliothèque centrale et sa compagne Barbara mais aussi Vincent Estève, qui rêve de devenir inventeur et Pavel , venu tout droit de Tchécoslovaquie. L’auteur nous y conte, parfois avec un certain humour leurs interactions, leur unité dans le contexte de l’époque, un contexte de contestation, de révolution des mœurs. Le roman est très agréable à lire, très fluide, les personnages sont pour certains hauts en couleurs mais malheureusement la sauce n’a pas pris pour moi. Peut-être étais-je trop en attente de voir ce roman plus ancré encore dans le contexte « linguistique » de l’époque qu’il ne l’est déjà, peut-être l’ai-je lu à un mauvais moment. Je ne m’interdis cependant pas la possibilité de revenir dessus dans quelques temps afin de lui donner une deuxième chance.

Je remercie Babelio et les éditions Traverse pour cette lecture dans le cadre d’une opération Masse Critique

Quatrième de couverture:

Louvain brisé nous emporte au début des années 1970, au coeur de la vieille ville universitaire de Leuven. L’air du temps est à la contestation, au rejet des parents, à la révolution des mœurs. Tandis que les Flamands lancent leurs derniers cris de Walen buiten, que l’ Alma Mater se disloque et qu’on prépare la division de la Bibliothèque centrale, une bande d’étudiants brûle sa jeunesse par les deux bouts…

Dans le contexte d’une Belgique qui se casse en deux, on entrevoit le sourire élégant du vieil Erasme, fondateur du Collège des trois langues, qui disait: « Je souhaite être un citoyen du monde, appartenir à tous, ou plutôt être un étranger pour tous ».

Paul G. Dulieu, Louvain brisé, Editions Traverse, Coll. Lentement, 2020, 228 pages.

Publié dans Littérature française, Thrillers/Polars

Jérôme Loubry – De soleil et de sang

L’inspecteur principal Simon Bélage et son adjoint Manus vont avoir du fil à retordre suite à la découverte de corps tués et découpés à la mode vaudou dans un quartier résidentiel de la banlieue de Port-au-Prince.

Dans ce quatrième opus, Jérôme Loubry nous plonge encore une fois au coeur d’une thriller construit de main de maître. Abordant le trafic avéré par lequel des enfants étaient et sont toujours achetés aux parents ou enlevés en pleine rue afin de les revendre, le détournement de fonds des ONGs, la corruption, les inégalités sociales et la place qu’à le vaudou dans la société haïtienne, Jérôme Loubry se base sur cette réalité de terrain pour construire un thriller efficace, nous faisant voyager dans le temps mais également dans l’espace entre Paris et Haïti.

De cette descente aux enfers vécues par certains personnages à la résolution de l’énigme, Jérôme Loubry nous tient en haleine tant son écriture est addictive. Il a cette aptitude à capter notre attention dès l’entame du livre et à ne nous lâcher qu’une fois le livre refermé…. A chaque nouveau roman, l’auteur a cette capacité à se renouveler, à développer son scénario de manière telle qu’aucun de ceux-ci ne se ressemblent. Si ses quatre romans sont à mille lieues l’un de l’autre, il est un thème qui reste tel une signature… la place qui y est donnée aux enfants….

C’est un vrai coup de coeur!

Je remercie les éditions Calmann-Lévy pour cette lecture.

Quatrième de couverture:

Dans ce quartier chic de Port-au-Prince s’élèvent de belles demeures de pierre entourées de palmiers, de flamboyants et d’arbres orchidées. C’est là que, pour la dernière fois en une semaine, un couple est retrouvé assassiné dans sa chambre. Deux corps mutilés gisant au pied du lit conjugal. Le presse titre déjà sur une série de « crimes vaudous ».

Pourtant l’inspecteur Simon Bélage refuse de tomber dans la superstition. Sur cette île, la corruption et le trafic d’enfants font plus de ravages que le terrible Baron Samedi, le dieu des morts. Simon sait avec certitude que ces crimes sont l’oeuvre d’un être de chair et de sang. Et tous les indices convergent vers un orphelinat fermé depuis près de vingt ans, surnommé la « Tombe joyeuse ».

Mais Simon devrait prendre garde. En Haïti, ignorer les avertissements des esprits, qu’ils soient vrais ou faux, peut se révéler dangereux…

Jérôme Loubry, « De soleil et de sang », Ed. Calmann-Lévy, 2 septembre 2020, 414 pages.

Publié dans Non classé

Fatoumata Kebe – Lettres à la lune

Fatoumata Kebe nous avait démontré avec son premier livre, « La Lune est un roman », qu’il était tout à fait possible d’en apprendre plus sur cet astre céleste de manière poétique tout en restant proche des faits scientifiques. Avec ce nouvel opus, qui se rapproche plus d’une anthologie, l’astrophysicienne nous emmène à la découverte d’auteurs ayant mis la Lune au coeur de leurs récits. Tantôt reine de la nuit, tantôt amoureuse, tantôt muse et confidente, la Lune est aussi représentée au travers de sa face obscure et source de légendes.

« Lettres à la Lune » est un ouvrage qui se parcourt suivant les humeurs, les affinités littéraires et suivant les attentes. Rassemblant des extraits d’oeuvres de Mark Twain, William Shakespeare, Lord Byron, Jack Kerouac, James Joyce, Edgar Allan Poe ou encore Charles Baudelaire pour n’en citer que quelques-uns, ce recueil nous offre un moment hors du temps, où chacun peut, à sa guise, découvrir tantôt une poésie, tantôt un roman, tantôt une légende. Au final, un voyage agréable au coeur de la littérature classique.

Je remercie les éditions Slatkine & Cie pour cette découverte.

Quatrième de couverture:

Muse immortelle, la Lune a toujours inspiré la littérature. D’Emily Brontë à Virgile, elle intrigue les poètes, fascine les écrivains. Elle est la confidente des amoureux, la reine de la nuit. Tantôt lumineuse, tantôt mystérieuse, la Lune a fait couler beaucoup d’encres. Eschyle disait d’elle qu’elle est l’oeil de la nuit, Garcia Lorca invoquait la Lune gitane en séductrice fatale. Fatoumata Kebe vous invite à un voyage littéraire dans la Lune.

Fatoumata Kebe, «  »Lettres à la Lune », Editions Slatkine & Cie, 2 juillet 2020, 237 pages.

Publié dans Fantastique, Littérature américaine

Stephen Chbosky – L’ami imaginaire

« L’ami imaginaire » est un roman complètement fou, incroyable, flippant (par moment), surnaturel (tout le temps). Une « petite » brique de 748 pages me direz vous… Mais je ne les ai pas vues défiler. Car pour apprécier ce récit à sa juste valeur et en ressentir toutes les nuances, il faut aimer se faire peur. Certes l’aura du King (Stephen) ne fait pas l’ombre d’un doute notamment si l’on pense à un roman comme « Ça ». Les amateurs comprendront et apprécieront. Mais cela s’arrête là car ce serait sans compter sur le talent de conteur de Stephen Chbosky qui vous nargue, vous fait imaginer ce petit rire diabolique, l’air de dire « Je vous ai bien eu hein! ». Il faut beaucoup d’imagination pour pouvoir s’imprégner entièrement de l’ambiance du livre, cette noirceur omniprésente, en visualiser les scènes certaines plus surnaturelles que d’autres, cette forêt et ces personnages si mystérieux. Grande amatrice du genre, j’ai été complètement bluffée par ce roman et j’en redemande!

Je remercie les éditions Calmann-Lévy pour cette lecture.

Quatrième de couverture:

Une mère et son fils en cavale trouvent refuge dans la petite communauté de Mill Grove, en Pennsylvanie. Mais dans ce havre de paix, le petit garçon disparaît. Quand il émerge de la forêt six jours plus tard, il a l’air indemne. Lui seul sait que quelque chose a changé. La voix du bois est dans sa tête et lui dicte une mission. S’il ne lui obéit pas, sa mère et tous les habitants de Mill Grove risquent son courroux…

Stephen Chbosky, « L’ami imaginaire », Trad. Jean Esch (Anglais USA), Editions Calmann-Lévy, 17 juin 2020, 748 pages.

Publié dans Littérature française, Thrillers/Polars

MehDy Brunet – Goliat

Pour ce nouvel opus, Mehdy Brunet nous emmène en mer de Barents, dans les eaux territoriales norvégiennes. La plateforme Goliat, qui exploite le champ pétrolier marin le plus septentrional au monde sert de théâtre à une série de meurtres.

J’avoue que mes premiers pas dans le récit furent un peu indécis. L’alternance assez rapide des faits, des personnages, à travers les différentes périodes utilisées, m’a un peu décontenancée au point de devoir revenir quelques fois relire certains passages. Mais une fois cette alternance maîtrisée, les personnages bien mis en place, les événements prennent alors tout leur sens, et je me suis laissée entraînée par le récit, où les blessures du passé remontent à la surface.

Goliat est un roman court mais dense avec des personnages tourmentés, aux profils psychologiques très bien construits.

Je remercie les éditions Taurnada pour leur confiance.

Résumé de l’éditeur:

La mer de Barents, au large des côtes norvégiennes : Goliat, une plateforme pétrolière en proie aux éléments déchaînés, est le sinistre théâtre d’une série de meurtres odieux.
David Corvin, ex-agent du FBI, va devoir utiliser toutes ses compétences pour stopper l’hécatombe.
Mais au bout du chemin, il risque de perdre son âme…
Et bien plus encore…

Mehdy Brunet, Goliat, Taurnada Editions, eBook, 3 septembre 2020

Publié dans Littérature française

Patrick Cargnelutti – Succession

« Succession » de Patrick Cargnelutti nous emmène dans des contrées lointaines… celles du Kimbavu, pays imaginaire situé dans la région des Grands Lacs. Couvert de millions d’hectares de forêts pratiquement vierges et regorgeant de sous-sols inexploités, ce pays est l’objet de convoitises sans scrupules. Charles Marchenot, à l’origine de l’exploitation illégale d’une partie de la forêt tropicale par la société MMK, n’hésite pas à y organiser seul une milice privée chargée de la protection de ses chantiers. La France, dont les institutions politiques sont manipulées au plus haut niveau par quelques grands financiers, veut s’y positionner comme seule partenaire du nouveau pouvoir qui s’y installera.

« Succession » nous plonge au coeur d’un véritable jeu d’échec où politique opportuniste et intérêts personnels et financiers supplantent le droit international et l’intérêt des minorités. Entre corruption, terreur et massacres sans nom, « Succession » est un roman d’une noirceur extrême où le lecteur se plonge dans les arcanes du pouvoir et ses dérives.

Savamment construit, ce récit aux accents géopolitiques, nous emporte au rythme de la folie humaine, de ses ambitions mais aussi des blessures invisibles…Un roman coup de poing servi tant par la plume de l’auteur que la profondeur de ses personnages!

Je remercie les éditions Piranha pour leur confiance.

Résumé de l’éditeur:

« En Afrique centrale, dans la région des Grands Lacs, mercenaires, barbouzes, fonctionnaires occidentaux corrompus et chefs de guerre cupides s’en donnent à coeur joie, détruisant impitoyablement un pays et ses habitants. Les hommes droits, comme Egbéblé, chef de village qui veut venger sa fille, ou Pelletier, ingénieur agronome qui fourre son nez où il ne faut pas, ne sont que des pions sacrifiés sur l’autel du pouvoir et de l’argent. Même les exploiteurs et les comploteurs minables, manipulés par plus puissants qu’eux, ne sortiront pas indemnes du coeur des ténèbres, et le lecteur assiste, impuissant et révolté, au délitement de l’âme et du monde.

Succession est le roman de la folie de l’homme et du pouvoir, de la corruption absolue, celle qui détruit les innocents et fait se déchirer les peuples. »

Patrick Cargnelutti, Succession, Editions Piranha, 17 septembre 2020, 368 pages.

Publié dans Littérature anglaise, Non classé, Thrillers/Polars

« L’Ossuaire » – Fiona Cummins

Cela fait 100 jours que Clara Foyle, cette petite fille de 5 ans atteinte d’ectrodactylie, a disparu et le principal suspect, Brian Howley est toujours introuvable. Revenant brièvement sur les fondements de son précédent roman, Fiona Cummins, en retrace les grandes lignes de sorte à nous rafraîchir la mémoire ou ne pas laisser le nouveau lecteur dans l’inconnu. Elle place ses pions…

Tout comme il l’était déjà dans « Le Collectionneur », le temps qui passe, inexorablement, est clairement l’une des lignes directrices de ce roman. Chaque chapitre ajoute au suspens, renforcé dans sa noirceur par les conditions climatiques rencontrées. Les personnages sont blessés, tous plus meurtris les uns que les autres dans leurs chairs alors que ce fameux « Boucher de Bromley » est toujours dans la nature.

Si j’avais déjà beaucoup aimé la lecture de son premier roman paru en Octobre 2018 chez Slatkine & Cie, un roman de persévérance, d’espoir malgré la noirceur profonde du récit, « L’Ossuaire » confirme mon ressenti. Le talent de l’autrice est ici confirmé! Alternant les points de vue, Fiona Cummins nous fait entrer de plein pied dans le récit pour nous y faire ressentir cette noirceur si pesante! Une très belle réussite!

Je remercie les éditions Slatkine & Cie pour cette lecture.

Résumé de l’éditeur:

Clara Foyle, cinq ans, a été enlevée il y a bientôt trois mois.

La petite fille est atteinte d’ectrodactylie, une maladie osseuse aussi appelée syndrome des mains en « pince de crabe ».

Le principal suspect, Brian Howley, est toujours en fuite après avoir échappé à la surveillance de la police. Sa collection d’ossements humains a disparu dans l’incendie de sa maison. Pour la recommencer, il a besoin d’une pièce unique: Clara.

Malgré la ténacité de l’inspectrice Ella Fitzroy, la petite fille demeure introuvable. Un terrible compte à rebours commence.

Fiona Cummins, « L’Ossuaire », Trad. (anglais) Jean Esch, Editions Slatkine & Cie, 28 mai 2020, 512 pages.

Publié dans Littérature allemande, Roman historique, Thrillers/Polars

Harald Gilbers – « La vengeance des cendres »

« La Vengeance des Cendres », quatrième enquête du commissaire Oppenheimer, nous fait découvrir Berlin au cours de l’hiver 1946. Oppenheimer est désormais employé par la Croix Rouge, Caritas et la Mission protestante de Berlin au catalogage permettant de retrouver des disparus et aider à la réunification des familles. Bien loin de ses activités précédentes au sein de la KRIPO (kriminalpolizei), il va néanmoins très vite remettre le pied à l’étrier de manière très officieuse lorsque plusieurs corps mutilés vont refaire surface aux quatre coins de la ville.

« Quelques années plus tôt, il avait imaginé naïvement que les gens cesseraient de souffrir une fois que la guerre serait terminée. Malheureusement, la réalité était tout autre. Les nazis avaient été vaincus mais le nombre de personnes en détresse était loin d’avoir diminué. Pour beaucoup, la fin du conflit n’avait pas changé grand-chose. Les hivers étaient tout aussi durs qu’auparavant ». (p. 270)

Avec ce quatrième opus, Harald Gilbers nous entraîne dans les rues de Berlin recouvertes de millions de m³ de ruines, il nous raconte les difficultés d’approvisionnement, les aides accordées aux personnes persécutées sous le national-socialisme à cause de leurs convictions politiques, il nous narre les difficultés liées aux querelles existant entre les alliés s’étant répartis la ville par secteur. L’auteur ancre profondément son enquête dans le contexte historique de l’époque et nous prend comme témoins.

A la fois roman policier et roman historique très bien documenté..A la fois complexe et sombre, « La Vengeance des Cendres » touche à tous les aspects de la vie quotidienne de l’époque. Touchant à l’historique, au politique, au social, à l’humain, l’auteur nous offre un roman très noir, passionnant qu’il est difficile de lâcher.

Une très belle réussite!

Je remercie les éditions Calmann-Lévy pour cette lecture.

Résumé de l’éditeur:

« Berlin, hiver 1946, le plus froid que la capitale ait connu au XX° siècle. La guerre est certes finie mais l’Allemagne commence à peine à panser ses plaies, et les Berlinois manquent de tout, surtout de nourriture. Dans cette atmosphère très tendue, des corps mutilés font mystérieusement surface aux quatre coins de la ville. Chacun a la peau couverte de mots écrits à l’encre, et une liste de noms inconnus fourrée dans la bouche. Le commissaire Oppenheimer est alors mobilisé pour mener l’enquête et découvre vite un point commun entre ces morts: ils avaient tous collaboré avec le régime nazi. A Oppenheimer de parvenir à retracer le passé du tueur, et à anticiper ses prochains meurtres ».

Harald Gilbers, « La Vengeance des Cendres », trad. (allemand) Joël Falcoz, Editions Calmann-Lévy, 17 juin 2020, 400 pages.