Publié dans Fiction, Littérature chinoise, Premier roman, roman

« Hong Kong Gang » de Ma Kafai

© Editions Slatkine & Cie

Quatrième de couverture:

En 1936, Luk Pakchoi fuit son village natal et sa femme pour s’enrôler dans l’armée d’un seigneur de la guerre. Très vite, il déserte et se réfugie à Hong Kong, alors colonie britannique. D’abord tireur de pousse-pousse, il parvient à se tailler une place de choix au sein de la plus grande triade chinoise. Mais lorsque, au lendemain de Pearl Harbor, les Japonais attaquent Hong Kong, son existence bascule. Quel camp choisir? Le jour, il est chef mafieux, et ses nuits, il les partage avec un officier de renseignement britannique.

Mon avis:

Premier roman de l’auteur, « Hong Kong Gang » se veut exigeant avec ses lecteurs tant au niveau de l’intrigue que de la narration. Ma Kafai nous plonge au coeur d’un récit très bien documenté où le lecteur se voit confronté à la réalité chinoise de l’époque. Le langage utilisé peut être cru (voire très cru) ou très littéraire, faisant de ce roman une lecture pour personnes avisées. Loin d’être un roman de vacances, « Hong Kong Gang » vous fera découvrir la Chine des années 30, Hong Kong alors colonie britannique et surtout la place tenue par la mafia. Ce premier roman, est à mi-chemin entre le roman historique et le roman noir… Il allie noirceur, humour et beaucoup d’émotions au moment d’aborder le danger des amours secrètes de notre personnage principal. Une découverte!

Je remercie les éditions Slatkine & Cie pour cette lecture.

Ma Kafai, « Hong Kong Gang », Trad. (Chinois) Stéphane Lévêque et Jean-Claude Pastor, Editions Slatkine & Cie,

Publié dans Fiction, Littérature française, roman

« Emergence » d’Eric Tourville

© Editions Slatkine & Cie

Mon avis:

« The development of full artificiel intelligence could spell the end of the human race. » (Stephen Hawking, Interview BBC, 2 décembre 2014)

A un moment où les débats éthiques concernant l’intelligence artificielle se multiplient, le nouveau roman d’Eric Tourville nous plonge au coeur de cette nouvelle réalité.

Alors que la start-up Turing Technologie, devient incontournable dans le domaine de l’intelligence artificielle – suite notamment à une application développée pour le compte d’un grand nom du commerce de détails -, il ne faut pas attendre longtemps pour que les politiques au pouvoir tentent de faire main basse sur cette technologie du futur et ainsi s’assurer du leadership mondial très convoité face aux concurrents américains et chinois.

Le chercheur Michel Dupraz sera à la base d’un nouveau développement, nommé InGA, relevant de l’application de technologies quantiques permettant d’optimiser les systèmes fondés sur l’intelligence artificielle et capable notamment dans ce cas de raisonnement, de créativité…

On s’en doute, cette révolution technologique ne va pas sans créer un véritable séisme en matière de Recherche et Développement (R&D) mais également au niveau sociétal et économique.

Le postulat de départ fait froid dans le dos: Et si l’intelligence artificielle, avant tout développée dans le seul (?) but d’accroître la compétitivité, pouvait se suffire à elle-même et ne pas se soumettre au contrôle humain? Alors que les géants du web, notamment les GAFA (Google – Apple – Facebook – Amazon), prennent déjà une place de choix dans ce secteur avec des investissements conséquents afin de les intégrer à leurs applications, les investissements et développements dans le domaine ne cessent de croître à travers le monde.

« Emergence » est tout cela. C’est un roman passionnant pour toute personne s’intéressant de près ou de loin au futur de ces technologies et à leurs applications. Il nous plonge au coeur de l’actualité, l’intelligence artificielle faisant déjà partie de notre quotidien.

Coutumière du sujet, j’ai véritablement dévoré ce livre. Alors oui, l’auteur développe certaines notions techniques de physique quantique mais que serait ce roman sans ces détails nous faisant nous imprégner de ces nouvelles technologies, nous emmenant au plus près de la réalité. C’est un élément essentiel.

Ce roman n’est certes pas un thriller mais une véritable mise en situation construite très intelligemment, de manière passionnante et tout à fait accessible au commun des mortels. Il entre parfaitement dans le contexte des stratégies actuelles au niveau européen visant à développer des technologies se voulant efficaces et centrées sur l’humain. Tout ceci nous semble encore plus pertinent à la lecture du roman. Car pour développer cette intelligence artificielle, qui serait si bénéfique à de nombreux secteurs économiques, sociaux et même sécuritaires, la confiance en ces nouvelles technologies et leurs applications est primordiale.

Vous l’avez compris, je recommande vivement ce roman qui vous replacera au coeur du débat!

Je remercie les éditions Slatkine & Cie pour cette très belle découverte!

Eric Tourville, Emergence, éditions Slatkine & Cie, 13 juin 2019, 478 pages.

Publié dans Fiction, Thriller/Polar

« Cari Mora » de Thomas Harris

© Editions Calmann-Lévy

Quatrième de couverture:

Des lingots qui sommeillent depuis des années sous l’ancienne villa de Pablo Escobar à Miami Beach. Gangs et malfrats se battent pour mettre la main dessus.

Aujourd’hui, c’est au tour du maléfique Hans-Peter Schneider de tenter sa chance. Mais c’était sans prévoir la présence de la sublime Cari Mora, qui veille sur les lieux. En matière de violence et d’armes à feu, personne n’a rien à lui apprendre.

Entre désirs et instinct de survie, avidité et obsessions macabres, le mal se faufile à chaque page. Aucun auteur de ces dernières décennies n’aura autant exploré les démons. Thomas Harris, au talent terrifiant, revient ici avec un sixième roman événement.

Mon avis :

Lorsque l’on parle de Thomas Harris, la tentation est grande de se référer uniquement à sa série de romans mettant en scène le personnage ô combien célèbre d’Hannibal Lecter. Mais savez-vous qu’il débuta sa carrière d’écrivain (en 1975) avec « Black Sunday » où une menace terroriste pesait sur l’événement sportif le plus médiatisé des États-Unis, le Super Bowl ?

Douze ans après avoir publié le dernier volet de sa tétralogie concernant Hannibal Lecter, il nous revient avec un roman inspiré de faits réels.

Pour nombre d’entre nous, Pablo Escobar n’est certes pas un inconnu, ni un enfant de chœur. Surnommé le « Roi de la cocaïne », il fut l’un des plus célèbres barons de la drogue, membre du cartel de Medellin. Abattu dans son fief en 1993, quelques mois après son évasion de la prison d’Envigado, personne ne doutait qu’il laissait derrière lui une immense fortune résultat des sombres activités du cartel. Le mystère du trésor de Pablo Escobar a été source de nombreuses spéculations.  

C’est sur base de ces faits que Thomas Harris nous fait plonger au cœur d’une véritable chasse au trésor ayant pour décor la villa ayant appartenu à Escobar et surplombant Biscayne Bay à Miami Beach.  

Avant de se lancer à la découverte de ce roman, une chose est claire, il faut repartir de zéro. Oubliez tout ce que vous avez pu lire de cet auteur précédemment. Repartez d’une page blanche car, même si l’ombre de Lecter ne semble pas être loin, « Cari Mora » ne ressemble en rien à ses précédents opus, ni dans la lettre ni dans l’esprit.

Le roman se lit rapidement. Le style est maîtrisé. Nous apprenons à découvrir Cari Mora, la jeune gardienne de la villa, au caractère bien trempé et très attachante, et à en savoir plus sur son passé, sur les circonstances qui ont forgé sa personnalité.

Il y a de l’action c’est indéniable. Entre trafic de drogue et traite d’êtres humains, les personnages rencontrés sont plus abjects les uns que les autres. La plume de l’auteur est sans conteste efficace même si j’ai parfois eu le sentiment de manquer de moments forts. Comme un sentiment de trop peu dans le développement de l’histoire et des personnages, hormis comme je le disais plus haut, celui de Cari Mora.

Alors oui « Cari Mora » est un roman efficace, une lecture prenante, faisant s’affronter plusieurs camps dans une quête impossible. Le talent de l’auteur n’est certes pas à remettre en question.

Je remercie les éditions Calmann-Lévy pour cette lecture et leur confiance renouvelée.

Thomas Harris, Cari Mora, Trad. Bernard Cohen, Editions Calmann Lévy, 22 mai 2019, 300 p.

Publié dans Fiction, Littérature française, roman

« Oublier Klara » d’Isabelle Autissier

© Editions Stock

Présentation de l’éditeur :

Mourmansk, au Nord du cercle polaire. Sur son lit d’hôpital, Rubin se sait condamné. Seule une énigme le maintient en vie : alors qu’il n’était qu’un enfant, Klara, sa mère, chercheuse scientifique à l’époque de Staline, a été arrêtée sous ses yeux. Qu’est-elle devenue ? L’absence de Klara, la blessure ressentie enfant ont fait de lui un homme rude. Avec lui-même. Avec son fils Iouri. Le père devient patron de chalutier, mutique. Le fils aura les oiseaux pour compagnon et la fuite pour horizon. Iouri s’exile en Amérique, tournant la page d’une enfance meurtrie.
Mais à l’appel de son père, Iouri, désormais adulte, répond présent : ne pas oublier Klara! Lutter contre l’Histoire, lutter contre un silence. Quel est le secret de Klara ? Peut-on conjurer le passé ?
Dans son enquête, Iouri découvrira une vérité essentielle qui unit leurs destins. Oublier Klara est une magnifique aventure humaine, traversé par une nature sauvage.

Mon avis:

Avec ce dernier opus, Isabelle Autissier nous emmène à Mourmansk, la plus grand ville au monde située au nord du cercle Arctique.

Iouri, résidant désormais aux États-Unis, n’a pas mis les pieds en Russie depuis 1994, époque où il a fui en se jurant que ce serait pour toujours. L’annonce de la mort prochaine de son père le pousse cependant à revenir sur les terres de ses ancêtres. Ce dernier lui donne pour mission de découvrir la vérité sur la disparition de Klara – la grand-mère de Iouri -, avant qu’il ne soit trop tard.

Sous le couvert de ce secret de famille couvrant trois générations, Isabelle Autissier nous plonge au cœur d’un récit aux accents historiques, nous faisant découvrir le système soviétique de l’après-guerre, l’apogée des arrestations, le Goulag, le travail contraint.  

A travers ce roman, bien évidemment, l’autrice nous fait également partager son amour de la navigation, de la nature. Passant de Mourmansk et sa poussière de charbon au grand large, vous vous retrouverez à côtoyer goélands, mouettes, sternes et autres fulmars. Car plus qu’un voyage à travers l’Histoire, nous embarquons également pour un voyage dans la Mer de Barents à bord d’un bateau de pêche, nous découvrons aussi des terres éloignées et des populations locales, oubliées voire malmenées par le régime en place.

« Oublier Klara » est un roman du souvenir, de construction personnelle. Une quête à travers les affres de l’Histoire et le devoir de mémoire.

J’ai été séduite par la plume de l’autrice. Une plume à la fois poignante et poétique.

« Oublier Klara » est une invitation au voyage, le roman passionnant d’une aventurière -romancière passionnée et cela se ressent au plus profond de ce récit.

Je remercie les éditions Stock pour cette très belle découverte.

Isabelle Autissier, « Oublier Klara », Editions Stock, Coll. La Bleue, 2 mai 2019, 320 pages.

Publié dans Fiction, Premier roman, roman

« Le garçon et l’univers » de Trent Dalton

© Editions Harper Collins France

Quatrième de couverture:

Darra, banlieue de Brisbane, 1985. Eli, bientôt treize ans, grandit entre une mère toxico, un grand frère mutique et, en guise de baby-sitter, l’un des anciens prisonniers les plus célèbres d’Australie: Arthur « Slim » Halliday. En l’absence de son père biologique, Eli peut compter sur les « good bad men » qui l’entourent: son beau-père, Lyle, qui a plongé sa mère dans la drogue mais tente maintenant de l’en sortir; Slim, que sa longue expérience en cellule d’isolement a rendu philosophe; Gus, son frère, qui communique en écrivant dans l’air et semble avoir des talents de devin.

Eli s’accommode parfaitement de cette vie excentrique. Jusqu’au jour où il découvre dans le pavillon familial une pièce secrète qui contient de la drogue et un mystérieux téléphone rouge…

Mon avis:

Il y a des livres qui vous appellent, qui exercent une telle force d’attraction que vous ne pouvez leur échapper. Lorsque j’ai découvert la couverture, flamboyante, mystérieuse de ce premier roman de Trent Dalton publié aux éditions Harper Collins France, la magie a opéré. Cette fois encore, je ne me suis pas trompée…

« Le garçon et l’univers » est un roman puissant trouvant son origine dans la propre enfance de l’auteur. Ce lien se ressent très fort dans la profondeur donnée aux personnages principaux.

L’on pourrait croire qu’un livre parlant de drogue, de prison, d’enfants grandissant dans une famille atypique où le babysitter n’est autre que l’un des prisonniers les plus célèbres d’Australie soit d’une noirceur sans nom. Et bien détrompez-vous, car Trent Dalton fait de ce roman un moment de lecture lumineux, voire poétique – surtout à travers le personnage du jeune Eli. Je me suis laissée emporter par la narration.

Nous découvrons Eli, 13 ans, un jeune garçon très observateur, très attaché aux détails, beaucoup plus mature que la majorité des enfants de son âge, qui avec son frère aîné August, deviennent les témoins d’événements qui les marqueront à vie tout en influençant leurs choix.

Si « Le garçon et l’univers » m’a marqué par la puissance de ses personnages (comment ne pas être touché par Eli et August), je dirais qu’il aborde à la fois l’attachement familial, l’amitié profonde mais qu’il est aussi un excellent roman d’apprentissage. Il montre que malgré les obstacles, avec beaucoup de détermination, de persévérance, l’on peut atteindre les objectifs que nous nous fixons tout comme le jeune Eli…

Je ne peux que vous encourager à le découvrir…

Trent Dalton est un journaliste renommé en Australie. Travaillant pour « The Weekend Australian Magazine », il a été plusieurs fois récompensé pour ses articles. Ce premier roman, paru en 2018 dans sa version originale (« Boy swallows universe »), a d’ailleurs déjà été récompensé à de multiples reprises en Australie.

Je remercie les éditions Harper Collins France ainsi que NetGalley France pour cette belle découverte.

Trent Dalton, « Le garçon et l’univers », Trad. de l’anglais (Australie) par Maxime Shelledy et Souad Degachi, Harper Collins France, 2 mai 2019, 560 pages.

Publié dans Fiction, Littérature française, Thrillers/Polars

« Vindicta » de Cédric Sire

© Metropolis Editions

Quatrième de couverture :

UN BRAQUAGE SOUS HAUTE TENSION

 » On entre, on prend le fric, on ressort. Personne ne sera blessé.  »

Leur plan est sans risque. Le bijoutier ne portera pas plainte pour le vol car son argent est d’origine illégale. Damien, Élie, Audrey et Driss s’imaginent avoir trouvé la réponse miracle à tous leurs problèmes.

UN FLIC EN CHUTE LIBRE

Fraîchement muté dans un groupe de surveillance, Olivier est loin d’imaginer que la planque qu’on lui a assignée fera de lui le témoin clé d’un cyclone meurtrier, dans le sillage d’un tueur glacial et méthodique que rien ne semble pouvoir arrêter. Des déserts du Moyen-Orient aux villes sombres et silencieuses du territoire français, quand la vindicte est en marche, plus rien ne peut vous sauver.

UNE TRAQUE HALETANTE SECOUÉE DE FAUSSES PISTES

Pur instrument de torture et de mort, il n’a pas de nom, pas de visage, l’habitude de tuer et un cimetière de cadavres derrière lui. Mais dans cette affaire, pas de contrat. Cette fois-ci
pour lui : c’est personnel.

Mon avis :

Il est enfin en librairie ! « Vindicta » de Cédric Sire publié aux éditions Metropolis Noir est une véritable claque !

Je ne rajouterai rien au résumé et à la très mystérieuse bande annonce savamment préparés par l’éditeur. Il ne faut surtout pas en ajouter plus pour préserver la surprise… Et quelle surprise !

Ce que je peux dire par contre, c’est que l’auteur ne nous laisse pas le temps de souffler, la tension est permanente. Vous serez toujours aux aguets à l’entame de chaque page, de chaque chapitre dévoilant toujours un peu plus de noirceur. Le rythme est tellement soutenu, l’horreur ne faisant que croître jusqu’à laisser le lecteur exsangue…Je l’ai véritablement dévoré !

Ses lecteurs de longue date, dont je fais partie, ne me contrediront pas si je dis que Cédric Sire ne nous a pas habitué à y aller par quatre chemins par le passé et il le confirme encore cette fois-ci avec ce roman d’une noirceur extrême parfaitement maîtrisée. Un roman encore plus abouti ! Pas de référence au fantastique pour ce dernier opus mais un ancrage bien profond dans la réalité.

Alors, si vous aimez les romans 100% thrillers, 100% diaboliques, 100% noirs et 100% machiavéliques, foncez !!!

Chapeau bas Cédric Sire pour ce nouvel opus !

Chapeau bas Metropolis pour cette entrée en matière !

Cela promet pour la suite 😉

Cédric Sire, « Vindicta », Metropolis Editions, 21 mars 2019, 592 pages

Publié dans Fiction, Littérature suisse, Thriller/Polar

Côté Books: « Le dragon du Muveran » de Marc Voltenauer

© Pocket Editions

La vie pourrait être si paisible dans le petit village de Gryon…Mais la découverte d’un cadavre dans le temple et sa mise en scène laissent présager une enquête bien complexe pour l’inspecteur Andreas Auer. A travers ce premier roman, Marc Voltenauer nous fait plonger dans un huis clos où la symbolique des actes prend tout son sens. La trame est extrêmement bien construite. L’auteur, au delà du suspense lié à l’enquête, n’hésite pas non plus à nous faire découvrir la vie de ce petit village vaudois pour mieux nous faire plonger au coeur du récit. J’ai beaucoup aimé la description et le développement de ses personnages. « Le dragon du Muveran » mérite certainement le détour et a tout les atouts d’un excellent thriller. Je recommande vivement!
Ce roman est paru pour la première fois en 2015 aux Editions Plaisir de Lire pour la Suisse puis en 2016 aux éditions Slatkine & Cie et en 2017 aux Editions Pocket.
Il faut que j’ajoute « Qui a tué Heidi? » dans ma liste de livres à lire assez rapidement 😀

Marc Voltenauer, « Le Dragon du Muveran », Editions Pocket, 7 septembre 2017, 608 pages.

Publié dans Fiction, Littérature française, Thriller/Polar

Côté Books: « Les chiens de Détroit » de Jérôme Loubry

© Editions Calmann-Lévy

Résumé de l’éditeur:

2013, à Détroit. Cette ville qui a été la gloire de l’Amérique n’est plus qu’une ruine déserte, un cimetière de buildings.
Cette nuit-là, la jeune inspectrice Sarah Berkhamp mène le groupe d’intervention qui encercle une maison et donne l’assaut. Mais aucun besoin de violence, le suspect attend, assis à l’intérieur. Il a enlevé cinq enfants. Et il est sans doute le Géant de brume, le tueur insaisissable qui a laissé derrière lui sept petits corps, il y a quinze ans. Alors pourquoi supplie-t-il Sarah : « Aidez-moi… » ?
L’histoire s’ouvre donc avec l’arrestation du coupable. Et pourtant, elle ne fait que commencer. À Détroit, personne n’est innocent…

Mon avis:

Premier roman de Jérôme Loubry, « Les chiens de Détroit » nous emmène au cœur d’une ville meurtrie, victime de la crise des subprimes qui touche les Etats-Unis de plein fouet. Hier, ville industrielle florissante, ville automobile par excellence, elle n’est plus ici que l’ombre d’elle-même. Ville fantôme dont le centre est déserté par bons nombres de ses habitants incapables de rembourser leurs prêts hypothécaires, Détroit devient le théâtre de mystérieuses disparitions d’enfants.

Lorsque l’affaire refait surface en 2013 , l’inspecteur Stan Mitchell, qui fut mis en échec lors de la première enquête et la jeune Sarah Berkhamp,  seront amenés à travailler ensemble afin de résoudre l’énigme entourant le bien mystérieux « Géant des brumes ».

Maîtrisant tous les codes du thriller, l’auteur nous offre un récit haletant, très bien construit autour de deux enquêteurs marqués, chacun à leur manière, par la vie, leurs expériences passées. Se servant d’une vieille légende comme élément charnière, Jérôme Loubry transforme la ville de Détroit en acteur-clé de ce thriller. Indispensable à la mise en scène obscure que nécessite un thriller digne de ce nom, l’auteur sait nous maintenir dans les brumes de l’enquête, en y entretenant ce sentiment d’attente et d’anxiété.

L’écriture est sûre, fluide, addictive. Le style narratif entraîne le lecteur au fil des pages sans lui laisser le temps de voir les heures passer. Un véritable page turner pour les amateurs de thrillers bien ficelés!

Un auteur à suivre 🙂

Je remercie les éditions Calmann-Lévy pour leur confiance.

 

Jérôme Loubry, « Les chiens de Détroit », Editions Calmann-Lévy, 11 octobre 2017, 306 pages.

Publié dans Fiction, Littérature japonaise, roman

Côté Books: « La légende des Akakuchiba » de Kazuki Sakuraba

L’histoire débute en 1953 lorsqu’une fillette venant des montagnes est retrouvée abandonnée dans la petite ville japonaise de Benimidori. Jugée étrange par les villageois, Man’yô doit bien se garder de parler de ses étranges visions d’avenir.

Divisé en trois grandes parties, ce roman relate l’histoire de Man’yô, qui deviendra la matriarche de la famille Akakuchiba – des industriels de renom dans le domaine de l’acier ; de Kemari – sa fille – qui deviendra une loubarde de légende mais également une célèbre mangaka ; et enfin, de Tôko, notre narratrice, qui n’est autre que sa petite fille.

A travers ces trois femmes, c’est l’histoire de toute une famille qui se déroule sous nos yeux. Des personnages aux tempéraments très différents qui interagissent chacun selon leur sensibilité, leur rapport aux autres.

Mais au-delà de l’aspect familial, « La légende des Akakuchiba » reflète avant tout l’histoire et l’évolution à la fois culturelle et économique du Japon allant de la deuxième moitié du XXème siècle au début du XXIème siècle. De la reprise économique de l’après-guerre, où les vagues de croissance se succédaient, jusqu’à l’éclatement de la bulle économique et ses effets dévastateurs sur certains secteurs économiques, en passant par les gouffres générationnels où jeunes et adultes s’opposent, la famille Akakuchiba a dû s’adapter afin de faire front et s’adapter face à ces différents tourments.

« La légende des Akakuchiba » est un formidable roman, dense, à la fois noir et poétique, dans la tradition littéraire japonaise, se présentant en témoin des profonds changements économiques et sociétaux ayant marqué le Japon. A découvrir !

Je remercie Babelio et les éditions Piranha pour cette découverte dans le cadre de l’opération « Masse Critique ».

Kazuki Sakuraba, « La légende des Akakuchiba », traduit du japonais par Jean-Louis de la Couronne, Editions Piranha, 19 octobre 2017, 416 pages.

Publié dans Fiction, Littérature italienne, Thrillers/Polars

Côté Books: « Tenebra Roma » de Donato Carrisi

© Editions Calmann-Lévy

 

Suite à des orages et des vents incessants, les autorités décrètent un blackout total de 24 heures afin d’effectuer les travaux de réparations nécessaires sur les centrales nucléaires endommagées.

Rome se retrouve vite plongée dans les ténèbres permettant ainsi de nombreux actes de violence.

Marcus, prêtre de l’ordre des Pénitenciers, frappé d’amnésie, se voit chargé de retrouver Tobia, un enfant disparu depuis de nombreuses années.

Sandra Vega, ancienne enquêtrice photo pour la police va se voir, malgré elle, plongée dans cette intrigue où une mystérieuse bulle émise en 1521 par le Pape Léon X prend enfin tout son sens….

Au coeur des ténèbres, Marcus et Sandra, devront soulever bien des secrets pour résoudre cette énigme….

Donato Carrisi, avec « Tenebra Roma », nous plonge au cœur d’un thriller mêlant histoire, religion et ésotérisme. Après le « Tribunal des Âmes » et « Malefico », où nous avions déjà fait la connaissance de Marcus et Sandra, l’on aurait pu craindre l’apparition d’un certain essoufflement dans le style narratif mais c’était sans compter sur le talent de l’auteur à construire ses histoires de manière telle à ce que le lecteur se sente immédiatement enveloppé de cette ambiance propre à ses romans.

Comme de coutume, l’auteur ne laisse de place ni au hasard, ni aux temps morts. Son travail de préparation est d’une telle minutie que tout a du sens.  J’ai dévoré cette histoire en quelques heures seulement!

Dans ce roman, Donato Carrisi nous plonge une nouvelle fois au cœur la Ville Eternelle. Loin de l’image idyllique que Rome véhicule pour bon nombre d’entre nous, la ville est ici synonyme de chaos, de ténèbres. J’ai beaucoup aimé ce rapport à la ville qui fait partie intégrante du roman, tel un personnage à part entière qui participe au développement du récit. L’auteur se plait à nous faire découvrir sa ville, sous un jour peu recommandable tout en nous distillant quelques légendes comme celle de la via della Gatta. Les habitués retrouveront sans aucun doute leur chemin à travers les méandres de la ville 😉

Pour ceux qui n’auraient pas encore eu la chance de découvrir les deux premiers romans mettant en scène nos deux protagonistes de choix, n’ayez crainte, l’auteur livre suffisamment d’informations permettant une lecture sans encombres….

Je remercie les éditions Calmann-Lévy pour leur confiance renouvelée.

Donato Carrisi, Tenebra Roma, Traduit de l’italien par Anaïs Bouteille-Bokobza, Editions Calmann-Lévy, 18 octobre 2017, 304 pages.

Publié dans Fiction, Littérature américaine, roman, Roman historique

Côté Books: « Les derniers jours de l’émerveillement » de Graham Moore

© Editions du Cherche Midi

Résumé de l’éditeur: 

« New York, 1888. Les lampadaires à gaz éclairent les rues de la ville, l’électricité en est à ses balbutiements. Celui qui parviendra à en contrôler la distribution sait déjà qu’il gagnera une fortune considérable et sa place dans l’histoire. Deux hommes s’affrontent pour emporter la mise : Thomas Edison et George Westinghouse. Tous les coups sont permis. Lorsqu’un jeune avocat, Paul Cravath, aidé par le légendaire Nikola Tesla, se mêle à ce combat homérique, il va bientôt se rendre compte qu’autour de lui toutes les apparences sont trompeuses et que chacun a des intentions cachées ».

Mon avis:

Graham Moore, scénariste américain à succès et auteur de « 221b Baker Street », nous fait voyager dans le New York de la fin du 19e siècle qui fut marqué par de très nombreuses inventions ayant complètement transformé la vie de tout un chacun. Nous nous retrouvons plus particulièrement en 1888, guidé par le jeune avocat Paul Cravath, en pleine « Guerre des courants » opposant Thomas Edison et George Westinghouse. Si l’auteur se base sur des faits bien réels et fait revivre les principaux intervenants de l’époque, il s’accorde cependant une certaine liberté quant à la chronologie et aux détails des faits rapportés. Ayant le soucis du détail, Graham Moore, s’excusant presque du stratagème, nous accompagne en toute fin de livre dans notre découverte et prend le temps de nous détailler l’une après l’autre les libertés prises mais aussi les événements tels qu’ils se sont produits. Quoi de plus essentiel dans un roman historique que de réussir à attirer l’attention du lecteur en nous faisant vivre les événements de l’intérieur comme si nous étions des spectateurs privilégiés. Et Graham Moore relève le défi haut la main. Entre courant continu et courant alternatif, entre Thomas Edison, George Westinghouse et Nikola Tesla, entre machinations et guerre des brevets, « Les derniers jours de l’émerveillement » nous plonge au cœur d’un récit captivant, très bien documenté.

Je remercie les éditions du Cherche Midi pour cette découverte

Graham Moore, « Les derniers jours de l’émerveillement », Traduit de l’anglais (US) par Jean-Luc Piningre, Editions du Cherche Midi, 7 septembre 2017, 512 pages.

Publié dans Fiction, Littérature française, Premier roman, roman

Côté Books: « Mon gamin » de Pascal Voisine

© Editions Calmann-Lévy

Résumé de l’éditeur:

Cet été 1977, un été de vinyles, de chaleur et de baignades, Thierry a 14 ans et découvre la musique, les premiers émois, les montagnes russes de l’adolescence où tout est à la fois morne et intense.
Il passe ses journées avec son meilleur ami, Francis, un handicapé mental qui vit à l’hôpital psychiatrique voisin depuis toujours. Le gentil Francis adorait la mère de Thierry, et va chaque semaine poser un petit caillou sur sa tombe. Il a vu naître Thierry, qu’il appelle «  mon gamin  », et lui voue une amitié joyeuse et entière.

Mais le destin s’appuie souvent sur pas grand-chose. Un infirmier tatoué fan d’Elvis, une belle-mère trop jeune et trop jolie, une guitare à deux manches, un chat bien curieux… Et tout bascule.

Quarante ans après ce mois d’août 1977, Thierry, devenu un chanteur à succès sous le nom de Marc Alder, va enfin découvrir la vérité sur les quelques jours qui ont changé toute sa vie.

 

Mon avis:

Nous sommes le 8 août 2017. Lorsque Thierry Poivet, plus connu sous le nom de Marc Adler – chanteur à succès –  retourne assister aux funérailles de la deuxième épouse de son père dans sa ville natale de Champs-Choisy, ce n’est pas sans a priori. 40 ans après avoir franchi les portes de la ville pour la dernière fois, Thierry va se retrouver confronté à son passé.

Premier roman de Pascal Voisine, « Mon gamin » va nous faire revivre cet été 1977. Thierry, 14 ans, est à cet âge où l’on n’est plus un enfant mais pas encore tout à fait un adulte. Il découvre la musique, écoute les vinyles de David Bowie, Pink Floyd, Gainsbourg et participe à un concours organisé par une radio nationale qui lui permettra peut-être un jour de réaliser son rêve: devenir un célèbre auteur -compositeur – interprète.  Il est à l’âge des premiers émois et l’arrivée d’une belle-mère d’à peine 10 ans son aînée n’est sans doute pas étrangère à ces nouveaux sentiments.

Cependant, « Mon gamin » est loin d’être un simple roman d’apprentissage et est bien loin du caractère léger que l’on serait tenté de lui attribuer en lisant son résumé.

L’auteur en nous invitant à la découverte de cette amitié profonde entre Thierry et Francis, un handicapé mental, nous livre un roman touchant, réaliste, ne versant pas dans la sensiblerie. L’auteur a d’ailleurs puisé son inspiration pour ce personnage dans son expérience acquise lors de sa participation au film « Rien, voilà l’ordre » (2003) en tant qu’assistant réalisateur.

Alternant les époques et les points de vue, à travers des chapitres courts, Pascal Voisine sait tenir le lecteur dans une situation d’attente, entretenant cette envie d’en savoir plus, d’être le témoin de ces événements passés. De la perte de l’innocence à la réalisation des conséquences de ses actes, le chemin peut être long. C’est ce chemin sinueux que l’auteur nous invite à suivre.

Je remercie les éditions Calmann-Lévy pour la découverte de ce roman, véritable pépite de cette rentrée littéraire.

Pascal Voisine, « Mon gamin », Editions Calmann-Lévy, 248 pages, 16 août 2017

 

 

 

 

 

 

 

 

Pascal Voisine, « Mon gamin », Editions Calmann-Lévy, 16 août 2017, 248 pages

Publié dans Fiction, Thriller/Polar

Côté Books:  » Ne fais confiance à personne » de Paul Cleave

© Sonatine Editions

Résumé de l’éditeur:

« Les auteurs de thrillers ne sont pas des personnes très fréquentables. Ils jouent du plaisir que nous avons à lire d’abominables histoires, de notre appétit pour des énigmes qui le plus souvent baignent dans le sang. Nous ne sommes pas très raisonnables. Ce jeu dangereux peut parfois prendre des proportions inquiétantes. Leurs ouvrages peuvent nous donner des idées regrettables, favoriser un passage à l’acte aux conséquences funestes. Eux les premiers, qui pensent connaître toutes les ficelles du crime parfait, ne sont pas à l’abri de faire de leurs fictions une réalité. Prenez par exemple Jerry Grey, ce célèbre romancier, qui ne sait plus très bien aujourd’hui où il en est. À force d’inventer des meurtres plus ingénieux les uns que les autres, n’aurait-il pas fini par succomber à la tentation ? Dans cette institution où on le traite pour un Alzheimer précoce, Jerry réalise que la trame de son existence comporte quelques inquiétants trous noirs. Est-ce dans ses moments de lucidité ou dans ses moments de démence qu’il est persuadé d’avoir commis des crimes ? Quand la police commence à soupçonner les histoires de Jerry d’être inspirées de faits réels, l’étau commence à se resserrer. Mais, comme à son habitude, la vérité se révèlera bien différente et bien plus effroyable que ce que tous ont pu imaginer! »

Mon avis:

Avec ce 6ème roman publié chez Sonatine éditions, Paul Cleave confirme une fois de plus sa capacité à mêler thriller et humour noir tout en nous faisant perdre la tête. Par où commencer? Jerry Grey est un célèbre auteur de romans policiers plus connu sous le pseudonyme de Henry Cutter.  Touché par un Alzheimer précoce, Jerry rédige, depuis le diagnostic,  un carnet qui pourra l’aider à se souvenir quand tout deviendra flou. Mais entre périodes de lucidité et pertes de mémoire, tout se mélange très vite dans l’esprit de notre personnage mais aussi dans le nôtre, pauvres lecteurs. D’où lui est venue cette inspiration? Les crimes relatés dans ses romans sont-ils le simple fruit de son imagination ou les a-t-il réellement commis? Entre réalité et fiction, la frontière est parfois tellement difficile à percevoir.

Mêlant souvenirs et temps présent, Paul Cleave joue sur la dualité du personnage et réussit à entretenir cette ambiguïté. Mêlant l’ironie à la gravité de la situation, l’auteur crée un environnement tel qu’il est difficile de ne pas éprouver une certaine pitié pour Jerry.

Jouant sur la complexité de la maladie d’Alzheimer et celle de son personnage, Paul Cleave nous livre encore une fois un thriller psychologique de qualité, construit de manière telle à brouiller les pistes.

Je remercie les éditions Sonatine pour cette découverte.

 

 

Paul Cleave, « Ne fais confiance à personne », Traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Fabrice Pointeau, Sonatine Editions, 31 août 2017, 400 pages.

Publié dans Fiction, Littérature belge, Littérature française, Littérature québécoise, Nouvelles, Recueil, Thrillers/Polars

Côté Books: « Crimes au musée », Collectif dirigé par Richard Migneault

© Editions Belfond

Présentation de l’éditeur:

Elles écrivent des polars. De ceux que l’on dévore. Et à la demande d’un lecteur passionné, elles se sont réunies autour d’un thème séduisant : le musée comme lieu de tous les crimes.

Musée d’art moderne, d’histoire, d’anthropologie, de sciences, du tatouage, de cire, toutes les salles sont ouvertes. En y pénétrant, l’atmosphère feutrée génère une impression de calme, presque de recueillement. Le sentiment de paix semble total et pourtant, nous sommes déjà sur une scène de crime, les œuvres en présence ont été témoins de la violence, de l’horrible et du machiavélique. Crime d’honneur, meurtre passionnel, vengeance, copie meurtrière d’un tableau ou petit meurtre sans conséquence… Qu’on soit simple visiteur, touriste ou gangster aux mains rougies par le sang, tous les coups sont permis.

Mon avis:

En règle générale, je ne suis pas une grande lectrice de nouvelles. Mais quand des auteurs de polars et de romans noirs s’associent pour nous livrer un tel recueil, ma curiosité l’emporte toujours, comme ce fut le cas avec « Bruxelles Noir » dirigé par Michel Dufranne et paru aux éditions Asphalte.

Dans le cas présent, aux éditions Belfond, ce ne sont pas moins de 18 auteures (oui oui uniquement des femmes) belges, françaises et québécoises qui sont à la manœuvre pour nous mener sur la scène du crime. Je ne mentirai pas en disant que le simple fait de voir les noms de Barbara Abel, Karine Giebel et Ingrid Desjours a fortement influencé mon choix 😊 Mais ne connaissant pas le milieu du roman noir québécois, j’allais pouvoir rapidement combler cette lacune.

Et je ne suis pas déçue. Chaque auteure, à sa manière, en respectant toujours, de près ou de loin – l’obligation de lier son récit au contexte d’un musée, nous emmène dans un univers qui lui est propre, un style bien personnel.

La nouvelle peut se révéler être un exercice assez complexe. Comment, à travers quelques pages, être suffisamment concis pour livrer aux lecteurs un récit cohérent, ne mettant pas en scène une multitude de personnages, et surtout permettant le développement de la trame pour que celle-ci soit la plus claire et complète possible de sorte que le lecteur développe ce sentiment d’attente jusqu’au dénouement final, surtout ici dans le cas du roman noir.

De Paris, à Tokyo en passant par Toronto, dans le contexte d’un musée de la police, de sciences naturelles ou encore d’un musée du thé, nos auteures ont l’art et la manière qui leurs sont propres pour jouer avec nos sentiments et surtout nos nerfs.

Il serait impossible de les comparer tant leurs styles varient mais je recommanderais tout de même les récits de Karine Giebel (avec son style direct et angoissant), Barbara Abel (fidèle à son sujet de prédilection), Ingrid Desjours (dont la nouvelle m’a bluffée de par son approche), Nathalie Hug (pour ce sentiment d’oppression) et Claire Cooke (pour le dépaysement).

Richard Migneault (auteur québécois du blog Polar, noir et blanc) complète ce recueil en dressant le portrait de chacune des auteures nous permettant ainsi d’en apprendre davantage sur leur parcours, leurs inspirations mais aussi leur actualité littéraire. Un plus pour qui veut découvrir leurs écrits. Il est à noter que « Crimes au musée » est paru simultanément aux éditions Belfond et aux éditions Druide (Québec).

Je remercie les éditions Belfond pour leur confiance renouvelée.

Collectif dirigé par Richard Migneault, « Crimes au musée », Editions Belfond, 8 juin 2017, 416 pages.

 

 

Publié dans Fiction, Littérature française, Thriller/Polar

Côté Books: « Ne dis rien à papa » de François-Xavier Dillard

©Editions Belfond

Présentation de l’éditeur

« Quatre jours et quatre nuits se sont écoulés avant que la police ne retrouve la victime dans cette ferme isolée. Quatre jours et quatre nuits de cauchemars, de douleurs et de souffrances, peuplés de cris et de visons imaginaires en face de ce jardin dans lequel elle a été enterrée vivante.

Sur un autre continent, loin de cet enfer, Fanny vit avec son mari et leurs jumeaux Victor et Arno. Leur existence bien réglée serait parfaite si elle ne percevait pas, au travers des affrontements qui éclatent sans cesse entre ses enfants, chez l’un, une propension à la mélancolie et, chez l’autre un véritable penchant pour le mal. Chaque jour elle se dit qu’elle ne pourra plus supporter une nouvelle crise de violence, ces cris qui la replongent au coeur d’images qu’elle voudrait tant oublier… À n’importe quel prix…

Et lorsqu’un nouveau voisin s’installe dans la grande maison, elle souhaite offrir le portrait d’une famille parfaite. Mais chaque famille a son secret et le sien est le plus terrible qui puisse exister. »

Mon avis

Dans la lignée de « Fais-le pour maman« , paru en mars 2014 aux éditions Fleuve Noir, François-Xavier Dillard revient – cette fois-ci aux éditions Belfond – avec un thriller axé sur les liens familiaux. Bien que l’intrigue ne laisse pas beaucoup de place au questionnement – l’auteur nous offrant ça et là de nombreux éléments de réponses – François-Xavier Dillard parvient à créer cette tension tellement nécessaire à la réussite d’un thriller en travaillant sur l’aspect psychologique des principaux intervenants.

Noir à souhait, malsain à ses heures, fait de mensonges et de non-dits, « Ne dis rien à Papa », est un page turner construit sur l’alternance entre passé et présent ce qui ajoute à l’effet de tension.

Je dois avouer avoir eu du mal à le lâcher, malgré cette certitude quant au dénouement du livre. Mais la force d’un thriller ne réside-t-elle pas aussi dans sa construction et cette volonté de distiller cette tension si recherchée par les amateurs du genre?

Je remercie les éditions Belfond pour leur confiance.

 

François-Xavier Dillard, « Ne dis rien à papa », Editions Belfond, 15 juin 2017, 320 pages.